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Quand le boycott tue la vache à lait

Quand le boycott tue la vache à lait

Tout excès nuit. La campagne de boycott, qui dure depuis plusieurs semaines maintenant, est en train de plomber l’économie nationale.

Aujourd’hui, la filière laitière, qui crée entre 400.000 et 450.000 postes d'emploi directs et indirects, est particulièrement aux abois. Pour ne pas dire à genou. 

Après la sonnette d’alarme tirée par le gouvernement, visiblement sans aucun impact sur ce mouvement de boycott, les professionnels sont à leur tour montés au créneau pour signifier leurs inquiétudes.

«L’affaire du lait», si tant est que l’on peut la qualifier ainsi, s’est en effet logiquement invitée à la dernière Assemblée générale de la Confédération marocaine de l'agriculture et du développement rural (Comader), tenue récemment.

Leur diagnostic est formel : si la filière laitière a pu se restructurer avec succès, permettant aux petits éleveurs d’améliorer leur niveau de vie, aujourd’hui «ces derniers subissent des conséquences économiques et sociales désastreuses, puisque leur production laitière n'est tout simplement pas totalement achetée par le groupe laitier visé par le boycott».

En cela, plus de 200.000 éleveurs de vaches laitières, dont 95% possèdent moins de 10 bêtes, sont menacés de voir leur activité ne plus leur procurer de quoi survivre, et risquent de basculer dans la précarité.

Il faut néanmoins croire que les boycotteurs sont imperméables aux cris d’orfraie lancés par les professionnels.

Et à ceux du gouvernement, impuissant face à un mouvement qu’il a même involontairement accentué à travers une communication défaillante.

Actuellement, les trois entreprises ciblées par ce boycott sont livrées à elles-mêmes, avec le sentiment d’être abandonnées, malgré les milliers d’emplois menacés.

Et il n’est pas faux d’affirmer, sans jeu de mots inapproprié en ces circonstances, qu’en termes d’emplois, ces entreprises sont des ... vaches à lait pour le gouvernement qui traîne comme un boulet un taux de chômage de 10,5%.

Une telle situation ne peut durer indéfiniment.

Si les conséquences paraissent peu visibles pour l’instant (quoique), elles peuvent néanmoins s’avérer catastrophiques pour l’économie du pays.

Une entreprise étranglée financièrement, qui accuse des pertes avec aucune perspective de voir le bout du tunnel, sera contrainte, à un moment ou un autre, de mettre la clé sous la porte. Là, ce sera dramatique.

Le Maroc moderne peut-il se permettre de voir disparaître ces entreprises génératrices d’emplois, qui ont créé des écosystèmes desquels dépendent des milliers de ménages marocains ?

Il est plus facile de détruire que de construire. Il est utile de le rappeler. Avant qu’il ne soit trop tard. Car le lait qui déborde de la casserole ne pourra être remis dedans.

D. W.

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