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Maroc – France : Stéphane Séjourné, le sapeur-pompier

Maroc – France : Stéphane Séjourné, le sapeur-pompier

Le ministre français des Affaires étrangères est chargé de consolider les fils fragiles des relations entre les deux pays. Au-delà des déclarations d’intention, Rabat attend que Paris pose des actes concrets, notamment en ce qui concerne le dossier du Sahara marocain.

 

Par D. William

Dans les relations internationales, l'équilibre entre les intérêts nationaux et les impératifs de la diplomatie peut parfois être délicat à maintenir. Les relations entre le Maroc et la France, deux pays dont l'histoire partage des épisodes de coopération étroite et de tensions sporadiques, illustrent parfaitement cette réalité complexe. Alors que les relations bilatérales ont été marquées par de sérieuse turbulences ces dernières années, l'élan récent de Stéphane Séjourné, nouveau ministre français des Affaires étrangères, pour renouer le dialogue avec le Maroc, ouvre une nouvelle perspective sur la scène diplomatique.

Toutefois, les défis à surmonter et les obstacles à franchir sont nombreux, et la route vers une réconciliation durable nécessitera une volonté politique ferme, un dialogue ouvert et une vision stratégique à long terme. Dans une interview publiée samedi dernier sur le quotidien français Ouest-France, Stéphane Séjourné a exprimé son engagement personnel à rétablir une relation plus harmonieuse entre la France et le Maroc. Sous l'impulsion d’Emmanuel Macron, il se veut l'architecte d'une nouvelle page dans cette alliance parfois tumultueuse.

«Le Président de la République m’a demandé personnellement de m’investir dans la relation franco-marocaine et d’écrire aussi un nouveau chapitre de notre relation. Je vais m’y attacher», a-t-il affirmé. Ses paroles, empreintes de volonté et de diplomatie, résonnent comme un appel à l’apaisement. Il est clair que la France reconnaît l'importance stratégique du Maroc dans le paysage régional et international, tant sur le plan économique que sécuritaire. Cependant, la voie vers une réconciliation totale est pavée d'obstacles, tant les sujets de tensions ont été nombreux.

Plusieurs sujets sont à l’origine du vent frais qui circule entre Rabat et Paris : l'affaire Pegasus, la question des visas, la résolution du Parlement européen votée contre le Maroc et initiée par Séjourné himself, alors président du groupe Renew Europe au Parlement de Strasbourg, ou encore la polémique née au lendemain du séisme qui a frappé le Maroc, en particulier lorsque Macron s’est permis de défier l'autorité royale pour s'adresser directement au peuple marocain… A cela s’ajoute le fait que les frictions entre les deux pays ont été alimentées par nombre de controverses et d’ambiguïtés diplomatiques, notamment en ce qui concerne la question du Sahara marocain. Sur ce point, Séjourné précise que la France a «toujours été au rendez-vous, même sur les dossiers les plus sensibles comme le Sahara occidental où le soutien clair et constant de la France au plan d’autonomie marocain est une réalité depuis 2007».

«Nous ajoutons qu’il est temps désormais d’avancer», dit-il. «Je ferai tout dans les prochaines semaines et les prochains mois pour que la France et le Maroc se rapprochent», promet-il, précisant que «mon objectif, c’est de porter des priorités communes, d’écrire une nouvelle page et d’avoir un nouvel agenda politique entre nous. Faire mieux et différemment. Cela veut dire regagner la confiance».

Au-delà des déclarations d’intention

Sur le Sahara marocain, Rabat attend beaucoup plus que des déclarations d’intention, et que Paris s’affranchisse surtout de l'approche «en même temps» adoptée par le Président Macron, oscillant entre les intérêts économiques de la France en Algérie et les alliances régionales, et qui engendre des résultats contraires à l'apaisement recherché. La France doit carrément sortir de la zone grise en ce qui concerne la souveraineté pleine et entière du Maroc sur ses provinces du Sud, comme l’ont fait des pays amis comme l’Espagne ou encore les Etats-Unis. Et le Roi Mohammed VI a été ferme à ce sujet.

«Ces dernières années, nous avons réalisé de grandes percées aux niveaux régional et international qui, toutes, ont été favorables à la position juste et légitime du Royaume sur la marocanité du Sahara. C’est ainsi que de nombreux pays influents, respectueux de la pleine souveraineté du Maroc sur ses territoires, ont manifesté leur réceptivité et leur soutien à l’Initiative d’autonomie, considérée comme la seule voie possible pour le règlement de ce conflit régional artificiel. Par la position des Etats-Unis d’Amérique qui, nonobstant le changement d’administration ou l’évolution de la conjoncture, est restée constante, cet accueil favorable est désormais incontournable.

De même, nous saluons la position claire et responsable de l’Espagne, ce pays voisin qui connaît parfaitement bien l’origine et la véritable nature de ce conflit (…) En outre, le positionnement constructif à l’égard de l’Initiative d’autonomie, affiché par certains pays européens comme l’Allemagne, la Hollande, le Portugal, la Serbie, la Hongrie, Chypre et la Roumanie, contribuera à poser un nouveau jalon dans les relations de confiance avec ces nations amies, à renforcer le partenariat de qualité qui les lie à notre pays», a affirmé le Souverain dans son discours adressé à la nation, le 20 août 2022, à l’occasion du 69ème anniversaire de la Révolution du Roi et du Peuple.

Et le Roi d’«adresser un message clair à tout le monde : le dossier du Sahara est le prisme à travers lequel le Maroc considère son environnement international. C’est aussi clairement et simplement l’aune qui mesure la sincérité des amitiés et l’efficacité des partenariats qu’il établit. S’agissant de certains pays comptant parmi nos partenaires, traditionnels ou nouveaux, dont les positions sur l’affaire du Sahara sont ambiguës, nous attendons qu’ils clarifient et revoient le fond de leur positionnement, d’une manière qui ne prête à aucune équivoque». Cet appel du Souverain à la clarté et à la révision des positions ambiguës résonne comme un impératif pour la France, qui se dit «amie» du Maroc. Car l'intégrité territoriale du Maroc ne saurait être un pion sur l'échiquier des intérêts politiques ou économiques, que ce soit avec l'Algérie ou tout autre acteur régional. De plus, sacrifier les relations franco-marocaines pour des alliances incertaines est un calcul périlleux, surtout quand il s’agit de s’acoquiner avec un régime algérien corrompu, versatile et complotiste, dont la fiabilité est remise en question par son soutien au polisario, groupe lié à des organisations terroristes et au crime organisé.

 

 


 

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