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Fermeture des frontières : «Lutter contre le Sida par l’abstinence»

Fermeture des frontières : «Lutter contre le Sida par l’abstinence»

Le nouveau variant de la Covid-19, Omicron, dont l’explosivité a fait peur à toutes les administrations du monde entier, s’avère être beaucoup moins nocif que tous les précédents variants. En effet, les premières études démontrent qu’il ne provoque pas de complications graves. Aucun cas mortel n’a été signalé à ce jour, et le nombre d’hospitalisés reste très faible par rapport aux précédents variants. Il ne contamine pas du tout les vaccinés avec rappel (à la date d'aujourd'hui), et seuls quelques cas de vaccinés mono dose ont été enregistrés. 

La décision des autorités marocaines de fermer les frontières semblait déjà disproportionnée par rapport à ce qui aurait été plus logique d’imposer, à savoir une exigence plus stricte au niveau des frontières : obligation de présentation du passeport vaccinal, test PCR de 24 heures, et test antigénique à l’entrée des aéroports. Les compagnies aériennes associées à cette démarche auraient certainement collaboré. 

L’absence de recul, il y a quinze jours, pouvait à la limite justifier cette décision disproportionnée. Par contre, la décision de reconduire cette fermeture totale des frontières, compte tenu des informations nouvelles et officielles sur le manque de dangerosité du variant, n’est pas justifiée du tout, sauf si les raisons sont autres et inconnues du grand public. 

Les conséquences de cette décision sont très graves pour l’économie marocaine, en tous cas pour l’un de ses fleurons, à savoir l’économie du tourisme. Ce secteur, qui se compose d’hôtels, de restaurants, d’agences de voyages, d’agences d’événementiel, de compagnies de transport, a aussi un impact sur l’artisanat, l’art et la culture. Il a aussi une valeur immatérielle extrêmement importante, et définie il y a quelques années lors d’un discours royal comme priorité dans l’évaluation de notre patrimoine. L’image du pays se construit à travers sa stabilité, son ouverture, son dynamisme, mais aussi sur la beauté de ses paysages valorisées par les millions de touristes qui visitent notre pays, par la convivialité de sa cuisine et l’hospitalité de ses habitants. La vidéo mettant en scène un berger marocain généreux avec deux touristes étrangères a fait le buzz sur les réseaux sociaux et contribué à la bonne image du Maroc plus que moult publicités. 
De même, qui peut nier l’apport des festivals Mawazine, Fès, Essaouira, Agadir, Tanger et autres à l’amélioration de l’image du Maroc. L’image étant cette notion abstraite qui favorise investissements et commerces. Le touriste attendu au Maroc sait parfaitement qu’il ne doit pas prendre de risque sanitaire; il vit la même chose dans son pays, il fallait juste lui imposer des règles strictes à l’entrée et lui permettre de gérer son séjour en toute quiétude. 
Je ne parle pas des déchirements familiaux liés à cette fermeture. Combien de jeunes étudiants devaient rentrer voir leurs proches ? Combien de résidents étrangers devaient aller chez eux pour passer les fêtes en famille ? 

Certains virologues, ayant accès aux médias français, estiment que la propagation du variant Omicron, peu dangereux, peut contribuer à anéantir le virus en se substituant aux autres variants plus dangereux et réduire la Covid-19 à un simple rhume ou petite grippe. En fermant hermétiquement les frontières, on s’interdit même cette option. 

L’impression qui se dégage à travers les décisions de l’administration marocaine, est qu’elle ne gère plus avec la même sérénité qu’elle avait lorsque ce satané virus s’est déclaré. 
La mobilisation des autorités n’est plus de mise aujourd’hui : c’est la solution de facilité qui est priorisée. 
D’ailleurs, autant que l’on s’en souvienne, les autorités n’ont vraiment fait preuve de rigueur qu’avec le monde de l’animation et du tourisme. On a tous en mémoire les descentes spectaculaires effectuées par les autorités dans certains restaurants de la côte casablancaise et les fermetures qui s’en sont suivies. Nous n’avons pas de souvenir d’une telle violence dans les usines, les mosquées ou les entreprises beaucoup plus sujettes à des clusters que tous les lieux de loisirs du Maroc réunis. Moulay Hafid Elalamy avait bien protégé les secteurs qu’il administrait. Ce n’est pas le cas ni du tourisme qui se meurt à petit feu, ni du sport toujours sans public. 

Il faut trouver des solutions pour le tourisme, compte tenu de son importance directe et indirecte. Lorsque le Sida a commencé à faire des ravages chez les jeunes, la première réaction avait été de prôner l’abstinence. Plus tard, après avoir mieux maîtrisé le mode de circulation du virus, d’autres formes de protection ont été recommandées et appliquées. Il fallait permettre à la vie de s’exprimer et à la jeunesse de s’épanouir. On en est là. 

Larbi Bargach, ex-cadre bancaire

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